La foule composée de fidèles et de curieux (ou les deux) commence à se presser le long des rues du centre, derrière les barrières mais je décide d’aller voir le dévot crucifix qui est installé devant la cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Perpignan, trop fragile désormais pour être transporté à dos d’homme. Je m’approche et réalise stupéfaite, qu’il s’agit –non je ne rêve pas- d’un cadavre. Mystère, mystère car les christs en croix connus jusqu’à présent, étaient vivants, je dirais presque, triomphants. Quel est donc cet artiste qui a osé défier une loi non écrite et présenter un cadavre aux côtes saillantes, un corps martyrisé et si terriblement humain ? Il faudra attendre les années 50 pour qu’un antiquaire découvre lors d’un examen minutieux, qu’il s’agit d’un christ rhénan (et non castillan) du XVème siècle.
Départ de la Procession à 15h de l’église Saint-Jacques de Perpignan
Bon, maintenant que l’énigme est résolue, rendons-nous vite là où tout a commencé, à l’église Saint-Jacques. Louis un des confrères, m’invite à le suivre dans la sacristie de l’église transformée en vestiaire.
Il y règne une ambiance à la fois fiévreuse et toute en gravité. Les pénitents enfilent leur tunique, le scapulaire, nouent leur cordelière servant de ceinture et prennent l’impressionnante coiffe «caperutxa» sous le bras. En tête du défilé qui s’ébranle lentement, la croix des injures avec les objets qui symbolisent la crucifixion (éponge, lance, roseau, marteau, tenailles, etc.).
Puis viennent les lourds «misteris» représentations grandeur nature des scènes de la passion du Christ, portés sur les épaules de quatre pénitents.
Certains poussent l’humilité jusqu’à marcher pieds nus, comme pour expier quelque péché. Les femmes vêtues de noir portent une mantille de dentelle sur la tête et je reconnais quelques représentantes des familles aristocratiques du département. Sans les flashes qui crépitent, on pourrait se croire projeté à l’obscur siècle de l’inquisition, quand le prédicateur fondateur de l’ordre des Dominicains Vincent Ferrier, voulait réhabiliter la crainte du créateur.
Agitant la cloche qui avertissait du passage du condamné à mort que l’on conduisait à l’échafaud, le « regidor » ouvre le spectaculaire cortège
Cette procession du Vendredi saint tombée en désuétude au fil des siècles a été rétablie dans les années 50 par le conservateur du musée de la ville de Perpignan Joseph Deloncle. Il rassembla quelques amis qui se constituèrent en confrérie (du Précieux Sang du Christ). Il y avait là le bijoutier, l’avocat et l’huissier, les notables qui n’hésitaient jamais à revêtir la robe, pour la bonne cause, celle du catholicisme et de la catalanité. Aujourd’hui, la procession de Perpignan est le point d’orgue de cette Semaine sainte empreinte de spiritualité et l’on vient de loin pour assister à cette manifestation jaillie de temps anciens et participer le temps d’une journée, à un moment d’union sacrée.
Agenda des autres processions en Pyrénées-Orientales
Jeudi saint
Bouleternère : Procession nocturne des pénitents
Elne : Procession nocturne des pénitents
Vendredi saint
Arles-sur-Tech : Procession nocturne des pénitents
Collioure : Procession nocturne des pénitents
Dimanche de Pâques
Céret : Procession du Ressuscité en matinée
Ille-sur-Têt : Procession du Ressuscité et chants des « Régina »
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