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Une femme, un site, un destin
Et si on allait visiter la Maternité suisse d’Elne ? Sentinelle d’humanité entre 1939 et 1944, la Maternité a accueilli des femmes réfugiées sur le point d’accoucher. A l’origine du projet, Elisabeth Eidenbenz, une infirmière Suisse déterminée et altruiste. A 24 ans, Elisabeth veut être utile, elle s’engage auprès de la Croix Rouge Suisse et part pour l’Espagne. Lors de la défaite, « la Retirada », notre volontaire franchit la frontière avec les Républicains vaincus. Elle cherche un lieu pour accueillir les futures mamans, tout près des camps de sable, lieux de rassemblement hâtif des réfugiés.
Il y a bien la Bardarolle, cette lumineuse résidence d’été des Bardou, de riches industriels Perpignanais. Mais elle a besoin d’être retapée. Ce sera fait par le Secours Suisse d’Aide à l’enfance, et la Maternité va devenir un répit dans la tourmente. Une oasis de paix, aseptisée et ensoleillée en cette période troublée. Une halte salutaire pour ces femmes en exil.
Accueillir, c’est désobéir
Ici, dans cet îlot d’espérance, quelques 600 bébés vont voir le jour au calme, à l’abri du fracas et des terribles aléas historiques. La vie envers et contre tout. La guerre finie et son devoir accompli, Elisabeth voit son contrat résilié par la Croix Rouge… Pour désobéissance, disent-ils. Elle rejoint alors la vie civile et toujours altruiste, décide de se consacrer aux autres. Dans un certain anonymat, désormais. Personne alors, ne voulait entendre.
En cette fin des années 90, le temps du témoignage et des souvenirs est venu : un verrier nommé Charpentier rachète le bel édifice désaffecté et abîmé. Avec opiniâtreté il va le restaurer. Guy Eckstein un rescapé né à la Maternité, entreprend quant à lui de rassembler les enfants sauvés. Il retrouve leur ange gardien en Autriche. Dans une émouvante cérémonie en 2002, à Elne, Elisabeth Eidenbenz entourée de ceux qu’elle a sauvés, reçoit la Médaille des Justes attribuée par l’état d’Israël. Les cheveux ont blanchi mais les yeux sont toujours aussi bleus, la compassion et l’émotion intactes. Modeste et réservée, Elisabeth se voit comme un simple maillon de la chaine de solidarité autour des bébés.
Vers la reconnaissance
En 2005 Nicolas Garcia, un petit-fils de républicains devenu maire d’Elne, fait racheter et restaurer le site avec l’aide d’associations et de volontaires. Concernés par tous les déracinés, Nicolas et son équipe œuvrent sans relâche pour obtenir soutiens et subventions. Ce lieu de mémoire ouvre au public en 2011. En 2013, il est classé Monument Historique.
La Maternité vient s’ajouter au patrimoine de la ville. Cloître, cathédrale, remparts, sculptures de Maillol et musée Terrus. Des fouilles révèlent une cathédrale primitive du VIème siècle… Affaire à suivre.
Hélène Legrais, notre mémoire contée
La passion d’Hélène, journaliste et écrivaine, c’est de donner vie à des histoires qui se sont déroulées en pays catalan. Ses récits à peine romancés sont d’une criante vérité, ses personnages évoquent tous un chemin vers l’émancipation. Des personnes et des territoires.
Toile de fond d’un épisode mis en lumière et écriture, la maternité est racontée dans «les enfants d’Elisabeth». Livre en main, Hélène l’écrivaine parcourt avec nous ces pièces qui prennent vie dans les pages de son roman.
Passage dans la salle « Marruecos » où avaient lieu les accouchements puis dans la modeste chambre d’Elisabeth. Pause plus longue sous la verrière où toutes venaient se ressourcer et admirer le paysage et le Canigó. Passage devant les panneaux de l’exposition qui retrace cette épopée humanitaire. La maternité a offert un foyer chaleureux au cœur de l’hiver et de la furie. Un semblant de normalité dans un temps qui s’emballe.
Dans ce lieu hautement symbolique, l’écrivaine nous raconte son ouvrage à paraître
Un dernier regard sur le Canigou et ce passé récent, puis nous reprenons la route vers le présent…
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