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Trobada del Canigó, la fraternité au sommet

2 août 2018.Gloria SOLER

63 ans après le premier feu de joie allumé au Canigou, les Catalans continuent à se retrouver sur notre montagne sacrée

Ils se rencontrent au pied du Canigou pour monter au pic et déposer au pied de la croix en fer forgé, les fagots de sarments qui alimenteront le feu de la saint Jean. Au fil des ans, la rencontre s’est amplifiée, étoffée et est devenue un événement phare des festivités de l’été. A l’origine,  un amateur de rugby comblé.

Le bouclier de Brennus enfin chez nous

En ce mois de juin 1955, l’équipe de rugby de L’USAP remporte le titre de Champion de France. Tout à son bonheur, le jeune Poujade décide de célébrer à la fois le sacre de ses champions et son anniversaire au Pic du Canigou en allumant un grand feu de joie. L’année d’après, le cercle des jeunes de Perpignan lui prête main forte et à partir de 1963, Jean Iglesis le Président dudit cercle, propose de descendre une flamme du feu du Canigou vers l’emblématique  Palais des Rois de Majorque à Perpignan, avec de nombreuses haltes en plaine. La réception à Perpignan est mémorable, fraternelle et spectaculaire. Au fil des ans, cette flamme symbolique est reçue et attendue avec ferveur à chaque étape pour allumer le feu sacré de la première nuit de l’été, promesse de renouveau et d’espérance. Partagée et distribuée des deux côtés des Pyrénées, elle  devient en ces années de dictature franquiste,  le trait d’union d’une culture et d’une identité partagée mais surtout un souffle de vraie liberté.

La fête du solstice d’été

Devant le chalet des Cortalets, les jeunes se retrouvent pendant des années pour fêter le solstice d’été avec force animations, veillées, chansons et boissons. Les participants chargés de victuailles pour les grillades montent à bord de véhicules qui empruntent la piste du LLech dans une caravane joyeuse, bruyante et pétaradante.
Pendant ces années là, la Trobada devient un évènement très populaire et si l’on monte encore les fagots au pic, nombreux sont ceux qui transforment l’espace en aire de jeux et parfois même en rave party. En 2003, on dénombre jusqu’à 478 véhicules sur le site des Cortalets. Le Canigou est une montagne accessible et sacrifiée sur l’autel de la rentabilité de courte durée.

« Ayatollahs de la Chlorophylle »

Antoine, Jacques et Jordi s’amusent aujourd’hui d’avoir été qualifiés « d’Ayatollahs de la Chlorophylle » alors qu’ils s’insurgeaient contre cette invasion de véhicules polluants. Ils font désormais  partie des instigateurs de la préservation du site qui a connu la consécration du label « Grand Site de France » en 2012, grâce à la pugnacité et volonté de Christian Bourquin assisté d’autres élus. Aujourd’hui, la nature a repris ses droits, ses couleurs, ses marmottes et ses isards et les amateurs peuvent s’adonner à leur passion de la randonnée et de la course de montagne sur les sentiers restaurés et signalés.

La Trobada retrouve son âme et son identité

Au départ de Fillols avec Antoine, Bruno et les autres accompagnateurs de montagne, les marcheurs ont entamé la montée vers le chalet pour une randonnée à pied, joyeuse et identitaire, avec les fagots de sarments sur les ânes et le ruban jaune pour réclamer plus de libertés au sud des Pyrénées. L’arrivée de la caravane est applaudie, saluée et joyeusement commentée. Ramon Gual, le chanteur dont le père est le créateur de l’université catalane d’été de Prades, entonne hymnes et chansons avec sa belle voix de stentor et le récital improvisé se prolongera tard dans la soirée. Tout près, vrombit l’hélicoptère qui vient chercher un sportif blessé, heureux pays où l’on est secouru sous toutes les latitudes.

Lorsque les tentes sont dressées et les participants rassasiés, commence la veillée, ponctuée de Habaneres et autres chansons du répertoire traditionnel catalan. Montserrat distribue le cremat, un mélange d’eau, de sucre et de rhum flambant. Voici plus de 40 ans que cette fidèle et énergique randonneuse du sud  participe à la trobada. Victime d’un souci de santé, l’octogénaire ne montera pas au pic cette année, mais l’année prochaine oui, ajoute-t-elle, opiniâtre.

Les chants vont résonner tard dans la soirée et dès les premières lueurs de l’aube, des petits groupes vont se former pour monter au pic déposer les fagots au pied de la croix du Canigou, en attendant l’embrasement de la saint Jean et la suite des festivités.

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